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EDITORIAL : Marie-Thérèse Bitsch
Pourquoi parler du deuil en 2015 ?
Il est important de faire connaitre la réalité du phénomène du deuil, de faire comprendre ce que vit la personne endeuillée. Actuellement le deuil se cache moins qu’il y a quelques décennies. Chaque personne vit la traversée du deuil à sa façon mais elle passe par des étapes caractéristiques qui se succèdent ou se superposent. Et la nature de la relation avec le défunt et les circonstances de sa mort peuvent conférer au deuil une coloration spécifique ou une complexité particulière.
LE DOSSIER
Première partie : La dimension sociale du deuil
Introduction
Myriam Legenne
Les mécanismes sociaux et psycho-sociaux du travail de deuil
Louis Vincent Thomas
Le travail de deuil est avant tout un processus personnel d’intériorisation. Mais il ne peut s’accomplir qu’en liaison avec l’environnement. C’est ce que nous montrent les rites funéraires ainsi que les règles du deuil social, malheureusement en perte de vitesse dans l’Occident moderne. Des formes substitutives toutefois se présentent où se conjuguent le savoir et le savoir-faire des professionnels mais aussi de bénévoles convenablement formés.
Les traces des morts
Michel Hanus
Ce qui est utile pour chaque personne en situation de deuil, aller se recueillir auprès des restes de son défunt, est également utile à la collectivité. Un groupe social, quel qu’il soit, de la famille à la nation, est formé par ses membres vivants et bientôt par leurs descendants mais il l’est également et fortement par ses anciens, par ses ancêtres, par ses défunts dont il est utile d’attester l’existence par des signes visibles et durables.
Les besoins et les attentes des personnes endeuillées
Nadine Beauthéac
La société demande aux endeuillés de reprendre au plus vite, quelques semaines après le décès, une vie normalisée. Il s’agit plus d’une méconnaissance du deuil que d’une volonté de l’ignorer. Les relations d’un endeuillé ne savent pas ce qu’est le deuil, la réalité de l’arrachement humain, combien de temps dure « la grande souffrance » du deuil.
Témoignage
« La vie est belle… ». Les attentes et la parole d’une personne
Yvonne Johannot
Deuxième partie : L'intimité du deuil
Introduction
Catherine Marin
Le deuil de ceux qui restent. Le vécu des familles et des soignants
Janine Pillot
Tout au long d’une maladie grave l’entourage vit déjà un certain nombre de renoncements, dans un processus de pré-deuil. Puis le travail de deuil se vit après la perte effective, consommant une énorme énergie psychologique. Ce travail plonge les endeuillés dans une grande vulnérabilité. Son accomplissement requiert des conditions pour pouvoir apprivoiser la perte, dépasser la culpabilité ou la colère, et laisser émerger la tristesse.
Des deuils si coupables…!
Michel Hanus
Il n'y a pas de deuil sans culpabilité. Derrière ces inévitables et universels sentiments de culpabilité à l'égard des morts se profilent notre difficulté à accepter vraiment la mort et, de ce fait même, celle à considérer les morts comme vraiment morts. Mais cette culpabilité consciente et inconsciente est beaucoup plus importante lorsqu'il y a eu participation involontaire à la mort de la personne aimée.
Voir ou ne pas voir le corps du défunt
Marie-Frédérique Bacqué
Voir son mort, c’est le suivre jusqu’au bord de son destin, des adieux sont nécessaires pour faciliter l’acceptation de la réalité de la mort. La découverte de la personne connue ou aimée dans un autre état de la matière pose la question de la possibilité de le reconnaître. La vision du mort place déjà l’endeuillé dans une perspective de recherche. Le proche est mort, il est là, sous nos yeux et pourtant nous le cherchons.
Appel de l’au-delà ou appel à l’au-delà ?
Tanguy Châtel
Parler avec le mort semble être une chose bien naturelle et probablement bien nécessaire. « Nos » morts ne nous quittent pas, ils ne se laissent pas bannir. Parce que nous avons encore besoin d’eux, parce que nous avons besoin de continuer à leur parler, nous les maintenons vivants en nous. Certains sont parvenus à faire ce chemin, du silence au monologue, puis du monologue au dialogue. La parole est toujours un soin, un chemin.
Troisième partie : Le poids des deuils indicibles
Introduction
Alain Skrzypczak
Deuils inavouables : le poids du secret et une estime de soi « abîmée »
Yves Ferrarini
Parler de deuils inavouables, c’est ici parler d’amours inavouables, des personnes homosexuelles. Une histoire clandestine, un amour inavouable, font, à de rares exceptions près, que la perte de l’autre reste inexorablement dans la même logique du non-dit, du non-reconnu, rendant ainsi tout travail de deuil sinon impossible du moins extraordinairement complexe.
A propos des adolescents endeuillés
François Dill
Pour un adolescent, le deuil est un événement doublement difficile à affronter dans cette période, à cause de certaines similitudes qu’on peut trouver entre le travail de deuil et le travail d’adolescence. L’adolescent endeuillé est celui qui est confronté au décès douloureux d’un proche, ou pour qui le remaniement interne réveille un deuil plus ancien qui n’a pas été suffisamment élaboré auparavant.
Fratries en deuil
Daniel Oppenheim
La mort d’un frère ou d’une sœur est une expérience terrible pour un enfant, quel que soit son âge. Le deuil de la fratrie est souvent intense et cause de grandes souffrances, d’autant qu’il est souvent négligé par les parents et les soignants. Il peut laisser des traces durables, qui ont des conséquences sur les choix de vie de ces enfants et leur devenir existentiel. Il faut donc se préoccuper autant de la traversée du deuil elle-même que de ce devenir à long terme.
Face au berceau vide, quel deuil pour les parents ?
Isabelle de Mézerac, Laurent Storme
La réalité du deuil périnatal commence à sortir de la conspiration du silence qui prévalait jusqu’à maintenant, peut-être sous l’effet des indicateurs de santé publique mais aussi de l’attention portée aux récits des parents. Il semble important aujourd’hui de prendre en compte la situation de détresse dans laquelle ces parents peuvent être plongés car elle peut impacter durablement une vie de famille. |